Article La Dépêche du Midi – Publié le 30/01/2021
« Moissac mérite mieux. » Plus qu’un nom, un véritable credo répété inlassablement par les 60 à 90 personnes, selon les chiffres des forces de l’ordre ou des organisateurs, réunies ce samedi matin sur l’esplanade des Justes à Moissac.
Militants du Parti communiste français, d’Europe écologie les verts, de la France insoumise, de la CGT, ou encore antifas et citoyens, ont bravé la pluie pour le lancement de ce tout nouveau mouvement politique ce samedi 30 janvier. « Moissac mérite mieux » veut « faire barrage au Rassemblement national » de Romain Lopez.
Une mobilisation très timide mais que les participants voient comme « un bon début ». « Il ne s’agit pas d’une démonstration de force mais d’une conférence de presse publique, c’est vraiment un temps d’explications, de compréhension, et le lancement de quelque chose qui va dérouler par la suite. C’est important que chacun puisse s’emparer de cela, ce n’est pas une remise en cause du scrutin », assurent les organisateurs.
De nombreuses prises de paroles pour un mouvement très fragmenté
Après une déclaration commune assurant que la « gestion indigente de la municipalité précédente a permis l’élection de Romain Lopez à la tête de la mairie », et estimant que celui-ci « a enclenché une politique basée sur le rejet d’une communauté qu’il est pourtant urgent d’intégrer », plusieurs personnalités ont pris la parole.
Membre de l’opposition, et ancienne candidate aux municipales face à l’édile RN, Estelle Hemmami a choisi de lire la déclaration de Roger Delthil,, datée de 1939. Un texte symbolique dans lequel l’ancien sénateur maire de Moissac demande aux Moissagais d’accueillir des centaines de familles et enfants juifs « obligés de fuir les atrocités de la guerre ». « Derrière un visage bienveillant et attentif au quotidien, c’est une PME idéologique qui maîtrise tous les codes de l’extrême droite et qui essaie de les imposer dans l’espace public moissagais. Alors oui, effectivement, Moissac mérite mieux et Moissac osera mieux car nous savons que cette solidarité moissagaise est toujours là « , a ajouté la conseillère municipale en référence à la campagne menée par l’édile concernant la population bulgare. Une analogie qui vise à marquer les esprits.
Vêtue de son écharpe officielle, Marie Piqué, vice-présidente de la Région elle-même issue de l’immigration espagnole, a déclaré que « l’exclusion des uns par rapport aux autres est quelque chose d’inacceptable dans ce pays ».
S’ils n’ont pas pris la parole, Arnaud Hillion, conseiller municipal et communautaire d’opposition à Montauban, et Cécile Roblin, porte-parole d’EELV 82, étaient également présents. D’autres, absents, ont quant à eux fait paraître des communiqués de soutien au mouvement. Parmi eux: Geoffrey Sapin, conseiller municipal PS de Grisolles, ou encore les députées du Tarn-et-Garonne Sylvia Pinel et Valérie Rabault.
Quelques citoyens « curieux »
Ce lancement avait pour but de faire connaître le mouvement aux Moissagais, pourtant, force est de constater qu’ils étaient peu nombreux ce samedi matin, alors que l’essentiel des rangs était composé de militants déjà convaincus. Quelques habitants ont toutefois fait le déplacement, attirés par la perspective d’un « nouvel espoir ».
Récemment installé à Moissac, un couple de retraité est attentif aux différents discours. Curieux, ils ont tenu à être présents malgré le mauvais temps. « On vient se tenir au courant et voir si on va y participer car on veut soutenir la diversité culturelle, et qu’on partage leurs idées. Même s’il y a beaucoup de tendances différentes tout le monde se rassemble contre le Rassemblement national », assurent-ils.
Même démarche pour Aline, venue de Castelssarasin: « Je soutiens cette démarche et je me dis que c’est bien de pouvoir se retrouver pour échanger et faire avancer les choses. Je pense que les Moissagais sont un peu imbibés de cette mentalité qui règne sur Moissac… Je connais des Moissagais qui ne parlent que des Bulgares ou des Maghrébins qui vivent ici, et alors? C’est une richesse. »
De leur côté, les organisateurs assurent qu’une douzaine de citoyens ont rejoint le mouvement. Reste à savoir si ce rassemblement aura suffi à en convaincre de nouveaux. « C’est un peu long à se mettre en marche mais il y a un début, j’y crois », assure un Moissagais optimiste.