Quand RFF réaménage le territoire à sa façon et provoque l’augmentation du C02!
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Faire quotidiennement 1h de trajet en plus, quand vous en comptabilisez déjà 2h, ça vous dirait?  C’est ce qui a été proposé depuis le 11 décembre, jour du grand chamboule-tout de Réseau Ferré de France (RFF), aux usagers de certaines lignes de train. C’est par exemple le cas des usagers qui utilisent la ligne Toulouse-Montauban-Agen. Sur cet axe, 5 trains aux horaires domicile-travail ont été très fortement impactés par les nouveaux horaires. Plusieurs usagers vont devoir arrêter leur travail, car les horaires ne leur permettent plus d’assurer une vie quotidienne, et prendre leur voiture reviendrait pour certains à faire 260 kilomètres par jour. Quid de l’impact social? Quid de l’augmentation de CO2?


Non il ne s’agit pas de petites adaptations horaires de 10 minutes, comme l’ont expliqué les médias. Il s’agit bien de la remise en cause du contrat social et du service public de desserte ferroviaire.

Beaucoup de buzz a été fait autour du coût phénoménal de la LGV qui apporterait un gain de temps de 15 minutes pour des usagers ponctuels, par rapport au réaménagement des voies existantes. Mais  effectuer une heure de plus de trajet, tous les jours, pour des centaines de personnes ne semble gêner personne. Où sont les priorités sociales?

Les conseillers généraux du Tarn et Garonne ne semblent pas perturbés par ce changement, puisque aucun ne s’est déplacé à la réunion de présentation de RFF de ces nouveaux horaires en novembre. Aucun ne semble s’émouvoir du fait que Montauban n’est plus, depuis le 11 décembre 2011, un nœud ferroviaire. On ne peut plus y effectuer comme avant de correspondances (dans des délais raisonnables). »Oui et alors? » diront certains. Cet évènement modifie considérablement la carte du territoire. Aujourd’hui pour aller de Caussade à Castelsarrasin il faut, soit attendre 52 minutes le changement de train en gare de Montauban, soit effectuer son changement à Castelnau d’Estretefonds, nouveau nœud ferroviaire. Autant dire que beaucoup d’usagers ne le feront plus.
Ce changement horaire a surtout été réfléchi dans les liaisons de Montauban avec la métropole toulousaine (légère augmentation du nombre de trains), les autres liaisons n’ayant pas été privilégiées. Or aujourd’hui dans notre département seulement 12% des actifs (chiffres INSEE) vont travailler à Toulouse. Soit 88% des actifs qui se déplacent à l’intérieur du Tarn et Garonne ou vers d’autres départements. Les trajets entre les deux axes (Toulouse-Agen et Toulouse-Brive) n’ont tout simplement pas été envisagés dans la nouvelle carte de desserte.

La concertation ne semble pas être non plus la tasse de thé de RFF et des différents acteurs de ce plan de cadencement (DREAL, Région Midi-Pyrénées, SNCF). Si cette concertation avait été mise en place elle aurait permis d’identifier plus tôt les points de blocage et de tenter d’y répondre. De nombreux ajustements semblaient possibles.  Ils ont préféré proposer des études post-cadencement aux usagers, qui ont arrêté de travaillé suite à ce changement horaire, ou ont dû négocier de nouveaux horaires auprès de leur employeur et devront se réadapter si de nouveaux changement horaires ont lieu.

Devant l’augmentation du coût du pétrole, devant la précarisation énergétique liée à la mobilité (en moyenne en Tarn et Garonne, 20% des foyers n’ont pas de véhicule, chiffres INSEE), devant l’augmentation des difficultés de mobilité pour rejoindre les zones d’emploi, cette nouvelle desserte ferroviaire, pose de nombreuses questions. La question de la mobilité n’étant que très peu prise en compte dans notre département (quasi inexistence de liaisons interurbaines) cette nouvelle desserte ferroviaire ne va t-elle pas aggraver les difficultés à se déplacer?

Yann BERTHOME